La Révolte

de Villiers de l’Isle Adam

Mise en scène : Gilles Bouillon

Régie Générale : Amaury Bagnara

Avec
Nine de Montal
Mathias Maréchal

Nous tenons à remercier chaleureusement Bernard Pico, Patrick André, Alex Costantino, le Groupe Ceylon pour leur amicale collaboration artistique.
Nous remercions également l’Adda du Gers, Ada Agen Location, Julien Dubuc pour leur soutien.

LES NUAGES ET LA BOUE

« Je veux vivre ! Vous ne comprenez pas cela, vous, qu’on puisse raisonnablement vouloir vivre ? Enfin ! J’étouffe ici, moi ! Je meurs de mon vivant !
Je veux respirer le grand air du ciel ! »

Villiers de l’Isle Adam

ÇA RACONTE QUOI « LA RÉVOLTE » ?

Une femme de devoir.
Ça se passe à Paris, à l’époque « moderne », chez Félix et Elisabeth.
Minuit.
Le travail s’est prolongé tard. Il fait sombre, il fait froid.
Elisabeth est une femme de devoir.
Épouse fidèle, soumise et économe, mère exemplaire.
Elle a l’intelligence des affaires, elle fait bien plus que seconder son banquier de mari.
Et voilà qu’elle déclare à Félix, qu’elle quitte le foyer, la vie rangée, sa famille.
Elle part.
Elle a tout planifié, renvoyé les domestiques, commandé une voiture, les bagages sont prêts…
Mais… pourra-t-elle aller au bout de sa grande aspiration ?

EN 2025 POURQUOI METTRE EN SCÈNE « LA RÉVOLTE » ?

« Je crois qu’il vaut mieux être dans les nuages que dans la boue, quelle que soit l’épaisseur et la solidité de cette dernière »
Villers de l’Isle Adam

La puissance de la dénonciation de « La Révolte », vient de ce que la femme ne quitte pas son mari pour un autre homme. Il n’est pas question de liberté amoureuse, de romanesque ou d’adultère : il s’agit d’une rupture par conviction.
Une question de Vie ou de Mort.
Elisabeth part. Sa vie n’est pas en accord avec ce à quoi elle aspire profondément.
La totalité de son être s’oppose violemment à la société bourgeoise, à son absence d’honnêteté dans les affaires, à sa recherche exclusive du profit. S’oppose à l’idéologie qui formate cette société de philistins. Elle serait aujourd’hui une Naomi Klein : anticapitaliste !
Elle rompt pour une fidélité plus haute. Fidélité à ses idées, à son idéal de vie. Fidélité à ce qu’elle se doit à elle-même.

Fidélité à elle-même.
Femme de devoir elle ne veut rien devoir et règle ses comptes elle-même, au propre comme au figuré.
Cette décision, ce geste de rupture, se double d’une prise de parole magnifiquement libératrice : elle qui écoutait son mari pérorer, prend subitement la parole. Elle débonde son coeur, son coeur mis à nu, devant l’époux médusé, qui en a le sifflet littéralement coupé, et qui pour la première fois de leur vie commune va devoir l’écouter (sans peut-être pour autant l’entendre).

Un réquisitoire impitoyable
« Je compris, sur-le-champ, que l’on avait eu beau nous marier, on ne nous avait pas unis ensemble.
Je vis qu’il y avait une différence d’espèce tout à fait essentielle entre nos deux caractères »
Villers de l’Isle Adam

A travers le bilan de son existence de femme (fille, épouse, mère) réduite à son rôle domestique – de domestique – au service d’une bourgeoisie régie par une morale rigide et hypocrite – exploitée, infantilisée, niée dans sa personnalité, ses désirs, ses aspirations, elle dévoile l’oppression faite aux femmes, l’injustice de leur soumission aux dictats du patriarcat.

Il y a bien sûr, pour le personnage féminin, toute la solidarité et toute l’empathie de Villiers de l’Isle Adam, dont l’esthétique vomit le matérialisme étroit, le positivisme utilitaire, la médiocrité de l’époque – en un mot sa laideur – et qui revendique, de manière presque mystique, comme son personnage, la beauté des idées, le droit au rêve, à l’utopie : les nuages plutôt que la boue…
« J’AI TROP CONSENTI, JE SUIS VAINCUE … »
En 1870, date à laquelle la pièce fut jouée, on est loin de l’ère post-#metoo !
Et il faudra attendre encore dix ans avant qu’Ibsen ne publie La Maison de poupée.
Certes, la situation, le statut des personnages, la décision d’Elisabeth, font puissamment écho aux débats d’aujourd’hui. Mais en 2024 les consciences, les lignes de résistance ont bougé, la sociologie s’est modifiée, le combat a changé de forme. Il nous faudra donc assumer cette distance historique.
Villiers de l’Isles Adam a su trouver la bonne distance théâtrale pour dresser devant un parterre bourgeois ce réquisitoire cinglant contre cette même bourgeoisie : explosion d’une crise, double coup de théâtre, retournement de situation, l’humour des réparties de la femme, son ironie décapante -arme des opprimés. Et par le comique du personnage masculin : dépassé par la situation, perdu dans les eaux glaciales du calcul égoïste, et pourtant touchant parfois dans sa faiblesse et sa défaite.
Le roi est nu !
Il faut souligner, avant tout, le courage de cette femme. Garder à l’esprit ce que le geste d’Elisabeth a d’exemplaire, d’inouï, d’avant-gardiste, dans la société bourgeoise de l’époque.
Cette femme qui met tout en oeuvre pour se libérer du carcan marital, de l’ennui éternel et de la domination masculine est à la fois héroïque… et tragique.
Car sa révolte exemplaire n’est pas (encore ?) une révolution dans les têtes et dans les moeurs.
Le serait-elle aujourd’hui ?
Lui, Félix, le mari, persiste, en toute bonne foi, bonne conscience intacte, dans son aveuglement, et son manque de considération pour son épouse.
Et elle ?
Elisabeth ira-t-elle au bout de sa tentative de libération ?
N’est-il pas déjà trop tard pour secouer le joug d’une aliénation de la femme, intériorisée comme sens du devoir, inculquée depuis l’enfance, par l’éducation d’un père, la morale hypocrite d’une société, l’égoïsme marital ?
Ces quatre années de sacrifice de son être, n’ont-elles pas déjà anéanti tous les élans du coeur et de l’âme ? La boue de l’existence, de la vie réelle, n’a-elle pas détruit le noyau dur de l’énergie, de l’espoir et du rêve ?
Fallait-il que tout change pour que rien ne change ?

VALLOTON : DRAME EN NOIR ET BLANC

La pièce de Villiers de l’Isle Adam nous fait signe, mais dans la distance. `
Ce serait un contresens de la transposer (visuellement) à l’époque contemporaine, il
nous faut assumer cette distance historique. Sans nous enfermer dans une reconstitution réaliste.
La stylisation des lieux et des costumes, leur épure, donnera une dimension intemporelle qui suffira à éclairer la perspective des questions agitées jusqu’à nous, aujourd’hui, sans les déformer.
Esthétiquement, c’est l’univers du peintre Félix Vallotton, contemporain de Villiers de L’Isle Adam, qui nous inspire.
Intérieurs rouges, intimités et drames en noir et blanc…
Quelque chose d’insolite, d’inquiétant chez Vallotton comme chez Villiers, auteur admiré pour ses Contes insolites, ou ses Contes cruels.
Sensation d’insolite
Sensation du feu sous la glace !
C’est ce premier obscur pressentiment qu’il faut préserver à la scène.

Il y a bien sûr, pour le personnage féminin, toute la solidarité et toute l’empathie de Villiers de l’Isle Adam, dont l’esthétique vomit le matérialisme étroit, le positivisme utilitaire, la médiocrité de l’époque – en un mot sa laideur – et qui revendique, de manière presque mystique, comme son personnage, la beauté des idées, le droit au rêve, à l’utopie : les nuages plutôt que la boue…
« J’AI TROP CONSENTI, JE SUIS VAINCUE … »
En 1870, date à laquelle la pièce fut jouée, on est loin de l’ère post-#metoo !
Et il faudra attendre encore dix ans avant qu’Ibsen ne publie La Maison de poupée.
Certes, la situation, le statut des personnages, la décision d’Elisabeth, font puissamment écho aux débats d’aujourd’hui. Mais en 2024 les consciences, les lignes de résistance ont bougé, la sociologie s’est modifiée, le combat a changé de forme. Il nous faudra donc assumer cette distance historique.
Villiers de l’Isles Adam a su trouver la bonne distance théâtrale pour dresser devant un parterre bourgeois ce réquisitoire cinglant contre cette même bourgeoisie : explosion d’une crise, double coup de théâtre, retournement de situation, l’humour des réparties de la femme, son ironie décapante -arme des opprimés. Et par le comique du personnage masculin : dépassé par la situation, perdu dans les eaux glaciales du calcul égoïste, et pourtant touchant parfois dans sa faiblesse et sa défaite.
Le roi est nu !
Il faut souligner, avant tout, le courage de cette femme. Garder à l’esprit ce que le geste d’Elisabeth a d’exemplaire, d’inouï, d’avant-gardiste, dans la société bourgeoise de l’époque.
Cette femme qui met tout en oeuvre pour se libérer du carcan marital, de l’ennui éternel et de la domination masculine est à la fois héroïque… et tragique.
Car sa révolte exemplaire n’est pas (encore ?) une révolution dans les têtes et dans les moeurs.
Le serait-elle aujourd’hui ?
Lui, Félix, le mari, persiste, en toute bonne foi, bonne conscience intacte, dans son aveuglement, et son manque de considération pour son épouse.
Et elle ?
Elisabeth ira-t-elle au bout de sa tentative de libération ?
N’est-il pas déjà trop tard pour secouer le joug d’une aliénation de la femme, intériorisée comme sens du devoir, inculquée depuis l’enfance, par l’éducation d’un père, la morale hypocrite d’une société, l’égoïsme marital ?
Ces quatre années de sacrifice de son être, n’ont-elles pas déjà anéanti tous les élans du coeur et de l’âme ? La boue de l’existence, de la vie réelle, n’a-elle pas détruit le noyau dur de l’énergie, de l’espoir et du rêve ?
Fallait-il que tout change pour que rien ne change ?

VALLOTON : DRAME EN NOIR ET BLANC

La pièce de Villiers de l’Isle Adam nous fait signe, mais dans la distance. `
Ce serait un contresens de la transposer (visuellement) à l’époque contemporaine, il
nous faut assumer cette distance historique. Sans nous enfermer dans une reconstitution réaliste.
La stylisation des lieux et des costumes, leur épure, donnera une dimension intemporelle qui suffira à éclairer la perspective des questions agitées jusqu’à nous, aujourd’hui, sans les déformer.
Esthétiquement, c’est l’univers du peintre Félix Vallotton, contemporain de Villiers de L’Isle Adam, qui nous inspire.
Intérieurs rouges, intimités et drames en noir et blanc…
Quelque chose d’insolite, d’inquiétant chez Vallotton comme chez Villiers, auteur admiré pour ses Contes insolites, ou ses Contes cruels.
Sensation d’insolite
Sensation du feu sous la glace !
C’est ce premier obscur pressentiment qu’il faut préserver à la scène.

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